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Semis en boulettes d’argile 01 : « Premier essai »

Semis en boulettes d’argile : « premier essai »

Bonjour à toutes et à tous,

Après de multiples tentatives de semis : en poquets enterrés, à la volée, en ligne recouvert de terreau, sous une couche de paillis, en godet, en terrine, je m’aperçois à quel point réussir la levée des graines et le bon développement des plantules n’est pas chose aisée. Pourtant certaines plantes comme la bourrache, l’arroche ou la roquette se sont ressemées d’elles mêmes sans soucis au cours du printemps.
Des sauvages comestibles comme le chénopode blanc ou l’amarante en ont fait de même.

Dans l’idéal, le jardin potager devrait presque entièrement se ressemer ainsi de lui même chaque année. J’ai récolté aujourd’hui, par exemple, une pleine enveloppe de graines d’épinards. Beaucoup d’entre elles sont tombées au sol pendant l’opération. J’ai bon espoir de les voir germer le moment venu pour une production d’automne.

Après cette petite session de récolte, je me suis attelé à la tâche du jour. Il existe une méthode que je n’ai pas encore testée : les semis en boulette d’argile tels que les pratiquait Masanobu Fukuoka pour ensemencer son champ de céréales.
Une recherche sur internet m’a permis de trouver plusieurs recettes. Il ne restait plus qu’à m’inspirer de tout ça, puis de me retrousser les manches et de me mettre à l’ouvrage.

Voici donc le premier d’une suite d’articles, qui me permettront de conserver en mémoire les tâtonnements et les résultats obtenus.
Un moyen également d’en faire profiter les internautes intéressés par cette pratique, et pourquoi pas de partager les retours d’expérience et les astuces ?

2013_07_27_Boulettes_Aubergines

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La recette

Pour être juste, je dois dire que j’avais déjà tenté l’expérience il y a quelques mois en utilisant approximativement la méthode de Fukuoka. Je n’avais pas vaporisé l’eau comme il le préconise : les graines potagères étant généralement petites je ne l’avais pas sentis.
En dosant au jugé, je n’avais pas réussi à obtenir la bonne consistance de terre et le résultat n’avait pas été concluant. Je n’avais pas persévéré.

Voici ce que dit Fukuoka lui-même à propos de boulettes de graines dans son ouvrage « la révolution dans un seul brin de paille » :

Quand le riz est semé en automne et laissé découvert, les semences sont souvent mangées par les souris et les oiseaux ou bien elles pourrissent au sol et c’est pourquoi j’enferme les semences de riz dans de petites boulettes d’argile avant de semer. La semence est étalée sur un plateau ou une panière que l’on secoue dans un mouvent de va-et-vient circulaire. On la saupoudre d’argile finement pulvérisée et on ajoute de temps en temps une fine buée d’eau. Cela forme de petites boulettes d’environ un centimètre de diamètre.
« En un jour il est possible de faire assez de boulettes d’argile pour ensemencer environ deux hectares. Je trouve que là où les boulettes sont couvertes de paille, les semences germent bien et ne pourrissent pas même les années de pluie. »

Le deuxième procédé qu’il décrit me semble encore plus intéressant :

On fait d’abord tremper dans l’eau pendant plusieurs heures la semence de riz décortiqué. On la retire et on la mélange à de l’agile humecté tout en foulant des pieds ou des mains. Puis on presse l’agrile à travers un tamis en grillage de cage à poule pour le séparer en petites mottes. On doit laisser sécher les mottes un jour ou deux, ou jusqu’à ce qu’on puisse aisément les rouler en boulettes entre les paumes. Idéalement il y a une graine par boulette. En un jour il est possible de faire assez de boulettes pour ensemencer environ deux hectares. »

J’y reviendrai, car les essais « bille en tête » réalisés hier et aujourd’hui n’ont pas vraiment été satisfaisants. Comme nous allons le voir.

Première tentative :

Pour la première tentative, j’ai utilisé le procédé qui me paraissait le plus simple.

Il consiste à former d’abord une pâte homogène de manière à rouler unes à unes des boulettes d’argile parfaitement rondes. Ensuite, à l’aide d’un bâton bien dimensionné, j’ai pratiqué une ouverture dans l’un des flancs de chacune d’entre elles.
Une fois quelles furent toutes formées et ouvertes, j’ai pris de petites quantités de lombricompost que j’ai appliqué sur les graines en tapotant légèrement dessus. Ces dernières adhérant au compost humide, il ne me restait plus qu’à refermer l’ensemble de manière à obtenir de petites sphères d’un centimètre de diamètre, fourrées de graines.

Pour finir, j’ai inséré ces billes de compost garnies au cœur des boulettes d’argile éventrées, que j’ai de nouveau roulé entre mes paumes avant de les mettre à sécher.

Je me suis dit que ça ne ferait pas de mal d’ajouter du lombricompost maison afin de stimuler la venue des premières feuilles. Une recette trouvée sur Ekopédia préconise de mélanger du compost à l’argile. Est-ce une bonne solution ? Fukuoka se contentait semble t-il d’argile de son champ et de la fumure qu’y déposaient ses canards.

Le lombricompt est à mon avis un excellent fertilisant et j’en produis gratuitement tout au long de l’année. Autant donc l’utiliser.
Pour donner une idée de ses qualités : j’en ai laissé quelques kilos dans un sac plastique, à même le sol de la serre, et cela pendant plusieurs mois. Et juillet a été particulièrement chaud en 2013. Cela n’a pas empêché les petits lombrics de s’y développer et la matière est restée parfaitement humide et vivante.

Idéal donc à mon sens, pour aider les plantes à surmonter la phase délicate que représente le semi et la maturation des plantules.

Il m’a fallu du temps pour façonner ainsi une petite quantité de boulettes. Cet après-midi, elles avaient déjà bien séchées et avaient conservées une forme parfaitement ronde, solide et homogène. Le revers, c’est que l’opération s’est révélée bien laborieuse en raison du trop grand nombre d’étapes.

Deuxième tentative :

Deux poubelles, deux planches, les ingrédients à portée de main, j’étais bien décidé à améliorer le procédé aujourd’hui. Pour ce faire, rien de tel qu’un petit chantier au fond du jardin à l’ombre du sureau.

2013_07_25_Boulette_Chantier

J’ai commencé par remplir une première soucoupe d’argile que j’ai réduit en poudre le plus fin possible.

2013_07_25_Boulette_Argile

J’ai ensuite mélangé les graines en choisissant un assortiment de légumes racines : de l’oignon blanc pour le printemps prochain, des carottes Rothild pour l’hiver, des radis de l’année dernière pour récolter dans un mois, ainsi que des choux-rave Lanro, des betteraves Forono, et des navets d’été pour une dégustation prévue pour le courant de l’automne.

2013_07_25_Boulette_graines

Une grosse poignée du précieux lombricompost !

2013_07_25_Boulette_Compost

Il ne restait plus qu’à remplir un plein récipient d’eau et l’atelier boulette pouvait débuter.

On peut voir l’ensemble sur la photo suivante, ainsi que quelques boulettes réalisées la veille.

2013_07_25_Boulette_Ingredients

Modifiant la technique décrite un peu plus haut, j’ai commencé par former des petits tas avec le lombricompost et j’y ai imprimé un creux avec mon doigt pour accueillir les graines. Comme c’est les premières tentatives et que j’ai tout mon temps, je me suis appliqué à mettre un contenu équivalent dans chaque préparation. Deux radis, deux ou trois navets, deux oignons, deux choux-raves, quelques carottes et un groupe soudé de graines de betteraves.

2013_07_25_Boulette_Compost_Graines

Il ne me restait plus ensuite qu’à refermer le tout pour former une petite boulette d’environ 1cm.

2013_07_25_Boulette_Compost_Boule

C’est quand il m’a fallu enrober ces boulettes de compost avec de l’argile que les choses se sont compliquées. Je n’ai pas testé avec un vaporisateur en les roulant dans la poudre d’argile (ce que faisait Fukuoka) mais j’ai mouillé grossièrement ce dernier afin de former une pâte collante.
Celle-ci adhérait mal, n’avait pas une bonne consistance, et j’ai eu énormément de difficultés à rouler proprement les boulettes.

L’idée ne me semblait pourtant pas mal au départ. Elle demande moins d’étapes que la première méthode et la clé réside je pense dans le vaporisateur. Au final, j’ai formé environ 70 boulettes en 2h. Ce qui représente tout de même beaucoup de travail, de temps et d’attention.

Pour donner un aperçu du résultat en image, voici une photo qui permet de comparer les boulettes d’hier avec celles d’aujourd’hui.

A gauche, les boulettes de la veille déjà sèches sont bien rondes et solides. A droite, elles n’ont qu’une fine couche d’argile cassante et sont bien moins homogènes.

2013_07_26_Boulettes_Comparees

Avant de tester la technique avec un grillage, je vais essayer de faire un mix de tout ça. Former des boulettes de compost remplies de graines n’est pas compliqué. Je les ferai juste un peu plus petites. Pour la suite, je me suis muni d’un vaporisateur. En roulant les billes dans l’argile humectée tel que je préconise Fukuoka, j’ai bon espoir d’obtenir de parfaites boulettes bien rondes et bien solides.

Je termine cet article avec quelques clichés des boulettes en situation, placées à même le sol dans la première butte de culture :

2013_07_27_Boulette_Paillis03

2013_07_27_Boulette_Paillis02

2013_07_27_Boulette_Paillis

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